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Page 23 calendrier de l’avent

Samedi 23 décembre

Et les enfants dans tout cela ? Si on regarde bien, les enfants ont toujours été au cœur des fêtes de Noël, de l’avent jusqu’aux Rois Mages.

crédit photo; ArtMew from Pixabay

Yann Dahhaoui, dans sa thèse « L’évêque des Innocents dans l’Europe médiévale (XIIe-XVe siècle) »,  s’appuie sur les travaux du philologue Alexander Tille (1866-1912) pour écrire :

L’année des anciens peuples germains, rythmée par la vie du bétail, est divisée
en trois saisons de quatre mois chacune. Le passage de l’une à l’autre – à la mi-mars, à la mi-
juin et à la mi-novembre – est marqué par d’importantes fêtes. Celle de la mi-novembre, qui
correspond aux premières neiges, marque le début non seulement de l’hiver, mais aussi de
toute l’année. Elle ne se limite pas à un seul jour, mais est répartie en plusieurs temps forts,
caractérisés par des banquets de viande fraîchement abattue, des cortèges (« Umzüge ») et des
dons de cadeaux aux enfants. Le premier temps fort est la visite du berger de la divinité du
bétail (peut-être Wodan, suggère Tille), qui vient réclamer son salaire de maison en maison et
offre, en échange, un rameau béni (« Weihzweig ») destiné à protéger le bétail durant l’hiver.

 Certains justifient  également que l’enfant était à l’honneur parce que la mortalité était élevée. Et de fait, si la mortalité infantile était grande, si les hommes espéraient plus de moissons, plus de bétails, il parait logique que lorsqu’ils faisaient des offrandes pour se concilier les bonnes grâces de Dieu, ils devaient aussi demander protection pour leurs enfants.

crédit photo heblo, Pixabay

Pendant les saturnales, dont nous avons déjà parlé plusieurs fois dans les pages de ce calendrier,  les romains fêtaient le solstice en inversant les rôles.

« L’évêque Césaire d’Arles raconte que les hommes se grimaient en vieilles femmes, portaient des masques d’animaux ou se déguisaient en enfants. » (N. Cretin, La Croix, février 2019)

Au moyen-âge avait lieu le 28 décembre, la fête des innocents, qui pour certains commémoraient le massacre des enfants de 2 ans par Hérode. L’église commémore ce jour-là l’ensemble des enfants innocents tués pendant les guerres, par les maladies, les famines. Pendant la fête des innocents, les guerres étaient interdites et l’enfant placé en avant.

Depuis le moyen-âge jusqu’au début du XXe siècle, les enfants sortaient dans les rues chanter des chants de Noël, ou raconter des comptines souvent le 6 décembre ou le 24 au soir.

« Dans la région rennaise, la veille de Noël ce sont les petits garçons qui vont par les rues des villages et des bourgs portant une chandelle allumée entourée de papier huilé pour empêcher le vent de l’éteindre… »
(Van Gennep, Manuel de folklore contemporain)

crédit photo Gustavo Rezende, Pixabay

Ils pouvaient également passer de maison en maison avec des vœux de bonne santé, de prospérité pour les habitants, comme le relate Martyne Perrot qui cite le travail de Van Genepp

« Que les garçons respirent la santé ! Que vos filles sentent la lavande !
Année de scarabées, années de rosée, année d’avoine et de froment pour vous,
Dans votre courtil du chanvre viendra le mois de mai,
En mai, la fleur, en juin, le grain et en juillet, la galette blanche ».

En échange de ces chants de Noël, de poésie, ou de vœux, ils recevaient en cadeau des fruits (noix, pommes etc.), parfois de la viande, des biscuits ou de l’argent, selon les régions et l’époque.

Dans le même temps, de nombreux enfants pauvres, ou sans famille mendiaient dans la rue, comptant sur la bonté des personnes en cette période de Noël

En 1845 dans son conte « la petite fille aux allumettes » Andersen montre les deux mondes : les enfants des familles en péril, les orphelins qui sont dehors, qui quêtent lors de Noël, et les autres enfants qui fêtent Noël à l’intérieur des maisons pleines de lumière, de chaleur, et/ou de cadeaux. Et entre ces deux monde,  en négatif dans le conte d’Andersen, en positif dans le conte de Charles Dickens (1843) « l’esprit de Noël » la famille, la fraternité, l’entraide, l’humanité.

Qui mieux que des  enfants innocents, hors du jugement des adultes peuvent pointer du doigt la part d’ombre et de lumière de l’humanité ?

  • Noël est une période de renouveau, de nouvelle naissance: La lumière revient. Dans le monde extérieur, l’enfant est le symbole du renouveau.
  • Dans notre monde intérieur, l’enfant est aussi le symbole de notre élan de vie, de notre créativité. Noël, nous invite à en prendre soin, à le reconnaître, à lui faire un cadeau. Nous ne pouvons commencer un nouveau cycle, qu’en célébrant cet élan de vie, parfois mis à mal au cours de l’année écoulée.

Fêter Noël, n’est-ce pas aussi fêter notre élan de vie?  C’est le moment où l’on arrête notre propre guerre intérieure, où l’on nourrit notre énergie vitale, où on laisse briller notre propre lumière intérieure, espérant recevoir le cadeau : la naissance de l’enfant divin en nous

Image générée avec une I.A.

 

Et vous ? que fêtez-vous vraiment à Noël ?

1 réflexion au sujet de « Page 23 calendrier de l’avent »

  1. Ce que j’aime fêter à Noël c’est la famille et les liens entre nous.
    Le 25 au matin les adultes font chanter les enfants ou du moins la dernière génération avant l’ouverture des cadeaux.
    Pour moi Noël et plus un moment de partage que de recherche intérieure mais j’ y réfléchirais a l’avenir !

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