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Page 20 calendrier de l’avent

Mercredi 20 décembre

« Au vingt de Noël, les jours rallongent d’un pas d’hirondelle. »

Dans 5 jours, c’est Noël, mais d’où vient le mot Noël ?

Nous avons bien compris que les Saturnales, étaient là avant Noël, mais regardons les dates : Les Saturnales dédiées à Saturne étaient des fêtes agricoles au départ et sont attestée depuis l’antiquité. A l’origine, la fête ne durait qu’une seule journée, le 17 décembre aux alentours de l’an  496  avant Jésus-Christ. Mais on a une preuve de la mise en place d’un « jour férié«  avec banquet en 217 avant Jésus Christ. César ajouta deux jours entre -45 lors de la mise en place du calendrier Julien (début d’année : le 1er janvier au lieu de mars), Auguste rajouta 1 jour entre -44 et -27), puis Caligula (entre 37 et 41= en ajoute encore un.

Sous le règne de Domitien (81-96 après J.C.), les saturnales se terminent le 24 décembre avec la fête des sigillaires, pendant laquelle au lieu de sacrifices humains, on pose sur l’autel de Saturne des sceaux, des anneaux, des statuettes de terre cuite afin de s’assurer la prospérité. On donne alors aux enfants de petits jouets en terre cuite, et les personnes offrent des « flambeaux de cire », des bougies, des figues en gelée

Pendant les saturnales, il n’y avait plus ni procès, ni exécution, ni guerre. C’était une période de fêtes joyeuses, pendant laquelle les personnes décoraient leur maison de feuillages et de branchages verts. De grands banquets étaient organisés et les esclaves et les maîtres mangeaient ensemble.

D’après l’écrivain et philosophe Macrobe  

« Une très grande partie des Grecs, et principalement les Athéniens, célèbrent en l’honneur de Saturne des fêtes qu’ils appellent Cronia. Ils célèbrent ces jours à la ville et à la campagne, par de joyeux festins, dans lesquels chacun sert ses esclaves. Nous faisons de même; et c’est d’eux que nous est venue la coutume que les maîtres, en ce jour, mangent avec les esclaves. » « les saturnales« (entre 420 et 430 après JC),

Du 1er au 4ème siècle s’épanouit le culte du dieu solaire Mithra (un dieu sauveur  du monde, bienveillant et protecteur, c’est aussi le dieu garant des des contrats). Ce culte s’étend les 4 siècles suivants dans toute l’Italie, la Gaule, la Bretagne, le long du Rhin et du Danube, bien qu’il soit assez « intimiste »: les adeptes sont réunis en petites communautés d’hommes. Le plus haut grade est celui de Pater (Père) . Le Père dirige les rites dans des sanctuaires appelés mithréum, dont la salle principale est voûtée souvent souterraine, et est appelée la grotte ou la caverne, (Mithra serait né directement sous la forme d’un jeune homme d’une Pierre), dans laquelle les initiations devaient avoir lieu, suivies d’un grand banquet. Des représentations ont été retrouvées montrant le futur initié, nu, les yeux bandés, et les mains liées, conduit par un guide habillé en blanc, jusqu’au « Père » habillé en rouge. Les adeptes pratiquent  des rites de purification, d’abstinence et de jeûnes. C’est un culte où l’amitié, la fraternité, les émotions partagées sont importantes. Le but est d’obtenir la paix et une intimité avec les Dieux, pour obtenir « le salut dans la vie, comme dans la mort » (wikipédia).

Mithreum sous la basilique San Clemente Rome. Crédit photo Ice Boy Tell - Own work, CC BY-SA wikimedia

« Ses épithètes renvoient à son invincibilité et à son aspect solaire : il est le « dieu invincible », en latin Deus invictus, parfois abrégé DIM pour Deus invictus Mithra ; il est aussi désigné comme le « Soleil invincible » (Sol invictus, à ne pas confondre avec le dieu du même nom). D’autres inscriptions en font un dieu « tout-puissant » (Omnipotens) » (wikipedia)

Le Dieu Sol, personnification de l’astre solaire est une divinité Sabine (8ème à 3ème siècle avant Jésus Christ), qui existe donc bien avant l’empire.  Au 3ème siècle après J.C., apparait le culte de Sol Invictus, qui reprend des aspects des cultes de Mithra et d’Apollon. Ce culte devient officiel à Rome, lorsque l’empereur Aurélien en fait le Patron principal de l’Empire Romain et inaugure son temple le 25 décembre 274. A cette époque, la chrétienté ne fête toujours pas la naissance de Jésus qui n’est pas située encore dans le calendrier. Puis arrive au pouvoir un empereur chrétien: Constantin 1er adepte du Sol Invictus. Il fait du jour du Soleil (le dimanche) un jour férié.

Le 25 décembre, est donc le Dies Natalis Solis c’est-à-dire le «Jour de naissance du Soleil »

Or  le prophète  hébreu Malachie a écrit dans un texte qui constitue une partie de l’ancien testament:

Mais pour vous qui craignez mon nom, se lèvera Le soleil de la justice, Et la guérison sera sous ses ailes » (Malachie 4:2) 

C’est pourquoi Jésus était parfois appelé le « Soleil de la Justice« . Les cultes de Sol Invictus et de Jésus se mélangent, ainsi que le montre une mosaïque dans un mausolée appartenant à une famille romaine qui montre  Sol interprétée comme Christ-Sol (Christ comme le Soleil). Le Christ/dieu triomphant, représenté avec les rayons autour de sa tête, est sur son char, tiré par deux chevaux avec un mouvement ascendant. Les vignes en arrière-plan peuvent être aussi bien les vignes de Dionysos que celles du Christ. La tombe contient d’autres mosaïques: une représentation de Jonas avalé par la baleine, un pécheur debout sur les roches, un berger portant une brebis. Trois sépultures chrétiennes ont été placées sous le sol. Tout cela indique qu’il s’agit bien d’une œuvre chrétienne

Cependant dans les évangiles de Luc et de Matthieu, il est rapporté que Jésus est né sous le règne d’Hérode Le Grand (mort en 4 avant J.C.). Pour les premiers chrétiens, l’important n’était pas la naissance de Jésus, mais le fait qu’il soit ressuscité. Dès le deuxième siècle, les grecs  fêtaient « la manifestation » ou « l’apparition » de Jésus le 6 janvier (ce sont la traduction du mot épiphanie) pas forcément pour fêter la naissance mais pour fêter le baptême de Jésus dans le Jourdain.

Mais en 354, à Rome, le pape Liberius  décrète que la naissance du Christ a lieu a la date très symbolique du 25 décembre

Ce n’est qu’au XIIe siècle que l’on voit Le Natalis Dies devient al Naêl Deu, à la naissance de Dieu, au XIIeme siècle.

En 1119 dans le « comput » de Philippe de Thaon apparaît le mot Noël:

« E les festes anvels.
Par çoe devuns garder
Nostre lei celebrer,
Des Paschaes, dé Noëls,
Des granz festes anvels ; »

Selon le bureau de la Traduction (gouvernement canadien):

« Les spécialistes ne s’entendent pas sur les origines du mot Noël. Selon les hypothèses avancées, Noël dériverait du latin natalis dies (jour de naissance) ou de l’expression noio hel (nouveau soleil), que l’on retrouve dans divers dialectes français et dont les origines remonteraient jusqu’aux Gaulois. »

Le savez-vous ?

En Franche-Comté, on parlait de « Nouvé« 

crédit photo : Egisto Sani, Flickr
Pièce représentant l'empereur Constantin et Sol Invictus
Représentation du Christ en tant que dieu-soleil Hélios ou Sol Invictus chevauchant dans son char. Datée du IIIe siècle de notre ère. Détail de la mosaique de la voûte dans le mausolée des Julii. Nécropole sous St. Pierre de Rome, Vatican

Je trouve cette histoire passionnante. N’est-ce pas magnifique de se relier encore cette année à toutes ces femmes et tous ces hommes qui ont vécus à des époques différentes, qui se sont rassemblés, qui ont prié, qui ont chanté, qui se sont peut-être opposés, mais qui ont contribué à faire de Noël, la fête d’aujourd’hui ? Quelle puissance!

Qu’en pensez-vous personnellement ?

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